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vengeance

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    Les jours qui suivent mon retour chez mes grands-parents sont particulièrement difficiles...

    Cacher un fait aussi énorme relève de la mission impossible. Je ne pense qu'à cela continuellement. Une odeur...un mot...le ton d'une voix...le bruit d'une porte...un geste...tout me rappelle ce que je viens de vivre.

    J'ai peur de tout. Du noir, dans lequel se dessinent les contours des murs qui m'entouraient... Du moindre inconnu que je croise... Dans chaque mains je vois celles de mes agresseurs. Je me dis que c'est peut-être l'un d'eux.

    Je tremble instantanément à la vue des phares allumés d'une voiture ou sous l'éblouissement d'une ampoule trop vive.

    Et j'ai de régulières crises de panique à la vue d'une bouteille d'eau.

    Mais je dois faire en sorte que tout cela reste secret. Il faut d'abord cacher mes bleus... J'ai dis à mes grands-parents que j'avais chuté à vélo pour justifier ceux que je ne peux pas camoufler. Et pour le reste, je maquille avec du fond de teint et de la poudre et je couvre avec des manches longues, des cols roulés, et cetera...

    Puis vient le deuxième problème : ma forme. Je suis nauséeuse, tremblotante, j'ai mal à la tête, à la gorge... Partout en fait. Je subis les conséquences cumulées d'injections, de coups, du froid...de l'eau.

    Mamie Viviane, en venant me chercher, m'a trouvé "palote". Elle estime que j'ai probablement la grippe. Alors c'est ce que j'ai dis à mes grands-parents quand ils ont fais un bond arrière, heurtés par ma mine de zombie. 

    Me voilà "tranquille" pour quelques jours, enfermée dans ma chambre, comme à mon habitude. 

    Je revois chaque scène, chaque détail , encore, et encore, inlassablement. Je sais que j'ai quelques jours pour y penser, et que le moment venu, je déciderai de mettre tout cela aux oubliettes. Si je ne veux pas devenir folle, je dois accepter et mettre de côté, jusqu'à ce que j'ai la force d'y penser, sans avoir mal. Si cela est possible.

    Mais je n'accepte pas... 

    Tous les sentiments me traversent. La haine, la révolte, la honte, l'incompréhension. Mais je ne suis plus vraiment triste... Réfléchir et écrire. C'est ce qui me permet de mettre tout à plat.De poser le problème clairement : pourquoi je ne vais pas bien ?

    D'y répondre : Parce q'ils ont volé une part de moi.

    Et de chercher une solution... Et ainsi, petit à petit, les sentiments qui m'affaiblissent disparaissent. Je reproduis le même schéma qu'au moment où Victor ma balancé dans la rue. D'abord j'étais triste, et j'ai finis par être juste en colère... Cela me fait penser aux phases de deuil. Sauf que je ne parviens pas toujours à la phase final : l'acceptation.

    Je pense que ce processus s'applique plus ou moins à toutes nos réactions et à des degrés différents bien sûr.

    Mais je ne choisis pas l'exemple du deuil par hasard. Parce que faire le deuil d'une grave agression, c'est parfois faire le deuil de soi-même. Je ressens souvent cela... Cette impression de laisser une part de moi à chaque événement bouleversant de ma vie. Le tout c'est de ne pas laisser le vide prendre place.

    Ma solution. Les faire payer cher. Cela prendra le temps qu'il faudra mais j'y parviendrais. Et je volerai leur liberté comme ils ont volé la mienne.