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Page 08

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    Nous arrivons à hauteur d'un feu rouge. Ils ralentissent... Je les imite. Tout en gardant mes distances.Victor s'arrête net... Il serre les poings... Maman est juste à côté de lui. Et moi à quelques mètres d'eux. Mon cœur secoue ma poitrine...

    Il se décide enfin à parler : 

    "-Alors bandes de petites garces!"

    Il crie lentement en articulant exagérément chaque mot.Et nous dévisage l'une après l'autre.Je vois dans ses yeux qu'il n'est pas du tout dans son état normal...L'alcool et tout le reste ne font pas bon ménage.Mais il se maîtrise encore très bien...

    "-Vous êtes contente...?.......Vous avez foutu ma soirée en l'air. Ça ne te gène pas Audrey?!"

    -"Et toi?" s'adressant à ma mère."C'est comme ça que tu dresses ta fille?"

    Le feu est passé au vert.Mais personne ne bouge.Ni maman ni moi n'osons lui répondre.

    Quelques passants jettent un œil sur nous mais ils ne s'attardent pas.

    -"Alors sale pute réponds moi!"

    Il saisit  Maman à la gorge qui lui somme d'arrêter.

    Je ne sais pas quoi faire...je n'ai même pas le temps de réfléchir que je vois ma mère s'effondrer à genoux sous la violence d'un cou de poing que Victor vient de lui donner au visage.Du sang coule sur sa peau blanche...

    Je fonce immédiatement sur lui et je le bouscule de toutes mes forces , de toute ma rage...

    Mais c'est peine perdue.Il m'agrippe par le manteau et me jette sans ménage sur la route...Je tombe violemment sur le goudron.Sans même réaliser ce qu'il se passe...

    Des crissements stridents se font entendre.Une voiture vient de s'arrêter in extremis à quelques centimètres de mon visage...J'entends ma mère affolée qui hurle mon nom...Je suis allongée à terre , sous le choc.Je lève les yeux.Je ne vois que cette voiture rouge qui est presque au dessus de moi...je réalise que je viens de frôler la mort...

    Mais pas le temps d'y penser.Ma mère accourt vers moi et me redresse.J'ai du sang partout sur les jambes.Et Maman est amochée et bouleversée...je la regarde , elle pleure.Et moi aussi.

    -"Il faut partir, il est malade , il faut courir ma chérie!"

    Tout en écoutant les mots de Maman je me tourne doucement vers Victor.Il est sur le trottoir , visiblement quelque peu désorienté par la foule qui s'approche et par le chauffeur de la voiture qui a tout vu et qui est lui aussi sous le choc.

    Son regard croise alors le mien...Il baisse les yeux et penche la tête en direction de sa main qu'il est en train de sortir de son blouson.Je me sers contre  ma mère qui assiste également à la scène...Il a un revolver.

    Instantanément elle m'empoigne le bras et se met à courir en m’entraînant avec elle.

    "-Cours , ne te retournes pas , cours!!!!"

    Je n'arrive pas à croire ce qui nous arrive.J’ai l'impression d'être tombée au milieu d'un film.Je cours machinalement , mais mes jambes flageolent , je suis fébrile , et encore sonnée par l'accident.Je manque de tomber plusieurs fois.

    Mais Maman ne vacille pas.Elle à l'air de savoir où elle va.

    Je suis terrorisée à l'idée qu'il nous tire une balle dans le dos.Mais je pense à ce que m'a dit ma mère et je ne me retourne pas.

    A peine quelques minutes plus tard , c'est complètement épuisées que nous arrivons à la gare de Sens.Nous grimpons dans un taxi sans perdre un instant et nous partons en direction de Villenavotte sur ordre de Maman.Je me retourne enfin.Et je laisse échapper un cri de stupéfaction.

    "-Maman!Il y a un taxi derrière nous!! Il nous suit Maman!!"

    -"Calme toi , calme toi....ça va aller ne t'inquiètes pas!"

    Elle demande au chauffeur d’accélérer.Nous parvenons à le distancer mais j'ai peur que cela ne soit pas suffisant.

    Dix minutes plus tard , le taxi nous dépose chez mon arrière grand-mère.Je ne sais pas pourquoi ma mère a choisit de venir ici.

    Sans explication , nous nous engouffrons dans la maison où les deux femmes échangent quelques mots pendant que je surveille la rue de la fenêtre.Puis de nouveau Maman m'attrape et nous nous empressons de grimper les escaliers pour aller nous cacher dans le grenier.

    ...

    Je suis recroquevillée contre Maman.Accroupie...Dans le noir...Nous sommes à côté d'une lucarne qui donne sur l'entrée de la petite cour...Je sanglote.

    Très vite un bruit de moteur se fait entendre et je vois au loin les phares d'une voiture.J'ose à peine regarder...

    Victor descend du taxi et sort son arme qu'il avait probablement rangée entre temps.

    -"Il n'était plus derrière nous , comment a t-il su qu'on était là Maman?"

    -"Il nous a suivi assez longtemps pour voir dans quelle direction nous allions.Il connait cet endroit.Il en a donc déduit que nous sommes ici.Mais il n'en est pas certain....alors chut tais-toi maintenant , fais-toi discrète".

    Victor frappe lourdement sur la porte d'entrée qui se trouve juste sous nos pieds.Nous entendons tout ce qui se passe.

    Elle lui a ouvert.Ils sont maintenant tous les deux sur le paillasson.

    -"Où elles sont?!!!" J'entrevois le haut du corps de Victor...il brandit son arme et tente d'impressionner la vieille dame...Tandis qu'il hurle très distinctement , je ne parviens pas à comprendre ce que mon arrière grand-mère lui répond.Mais elle a l'air vive.Elle lui refuse l'entrée...

    Son taxi est toujours là.Je supplie ,les mains liées contre ma bouche ,pour qu'il ne parte pas.Maman ne bouge pas d'un pouce et reste concentrée sur ce qu'elle perçoit.

    Victor ne décampe toujours pas , cela fait au moins dix minutes qu'il harcèle mon arrière grand-mère.

    Je ne pense qu'à la mort.Je suis presque certaine qu'il va nous trouver et nous tuer.

    Et alors que je n'en peux plus de ce suspense intenable , j'entends sans y croire des sirènes de police.

    Lui aussi les entends...il recule jusqu'au portail tout en tenant en joue notre sauveuse.Il lève la tête dans notre direction et crie:

    -"On se retrouvera Cathy..." et il se décide enfin à sauter dans la voiture...

    Je pousse un très long soupir de soulagement comme si je n'avais pas respirer depuis des heures...Enfin il n'est plus là...Ma mère m'embrasse et me sert très fort dans ses bras.

    "-C'est finit ma chérie...c'est finit."