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    Je n'ai aucune idée de l'heure qu'il peut être. Je ne sais même pas si il fait jour ou nuit... Cela doit faire des heures que je suis là. Je viens de me réveiller... Non ce n'était pas un cauchemar, c'est bien réel...

    Je suis encore plus paniquée que précédemment. Maintenant je sais pourquoi ils sont là. Ils veulent leur argent. Ce n'est pas la première fois que Maman a des problèmes avec des hommes de ce genre. Elle n'est pas toujours réglo... Mais bon je n'en sais pas beaucoup plus. Je la vois bien planquer des billets parfois mais se sont des sommes dérisoires. Je n'ai vraiment aucune idée de combien elle leur doit et je ne comprends pas pourquoi ils sont persuadés qu'elle a ce fric.

    Mais en attendant je n'ai aucune réponse à leur donner. Parce que si je savais, je leur dirais. Sachant que Maman n'avoue même pas pour me récupérer, je n'aurais franchement aucune pitié à la balancer même si ce n'est pas du tout mon genre...

    La question que je me pose maintenant, c'est que va t-il se passer ?

    Je suis toujours aussi terrifiée et aussi mal qu'avant le second shoot. De l'héro probablement, mais je n'en ai pas la certitude du tout car la paralysie qui m'a touchée tout à l'heure ne fait pas partie des conséquences de ce genre d'injection. Pas à ma connaissance.

    Cependant je m’efforce de me contrôler à tout prix et de ne pas penser au pire...

    Mon plus gros problème pour l'instant c'est que j'ai une envie plus qu'urgente d'aller aux toilettes... Je me redresse et parviens à me lever après quelques efforts. J'ai "des fourmis" dans les membres et je peine à tenir l'équilibre...

    J'avance à tâtons jusqu'à sentir la taule froide de la porte du "garage"contre mes mains... J'essaie de trouver une poignée, je pousse de toutes mes pauvres forces et je finis finalement par frapper de plus en plus fort poings serrés:

    "-Ouvrez-moi !!!! .... Il y a quelqu'un???.... S'il vous plaît aidez-moi !!!! "

    Ceux qui au départ étaient des cris hésitants deviennent peu à peu des hurlements de rage... Je cogne maintenant de tout mon poids contre la seule issue possible...

    "-S'il vous plaît!!! Aidez-moi sortez moi de là on m'a enfermé!!!! AU SECOURS!!!!!"

    Je fais silence de temps à autre et tends oreille dans l'espoir d'une réponse à mes appels...

    Mais rien. Pas un bruit.

    Je puise toute l’énergie qui est en moi pour me lancer encore et encore à l'assaut de cette porte maudite... Mais elle vibre à peine sous les chocs que je lui porte...

    Je m'écrase contre elle une dernière fois, dans un cri de désespoir... Et me laisse glisser à son pied. Je transpire, j'étouffe, je n'arrive pas à reprendre mon souffle... Mon ventre me fait mal... mon envie d'uriner et la faim me tiraillent. Je fonds en larme à genoux sur le sol.

    C'est alors que j'entends une voiture s'approcher. Mes mains se mettent à trembler. Le véhicule s'arrête là, tout près de moi, juste derrière mon oreille collée à l’entrée.

    Je me relève, beaucoup plus rapidement cette fois et je m'éloigne le plus loin possible contre un mur. Dans le même temps, je ne sais pas pourquoi, je réalise que ma chemise est toujours déboutonnée et je m'empresse donc de la remettre en place avec une maladresse incontrôlable.

    La lumière des néons extérieurs à la pièce jaillissent de nouveau dans l’obscurité et je reconnais mes deux agresseurs derrière la porte qui se lève.

    Mon souffle s’accélère encore. Je frissonne...

    Un des deux hommes se dirige vers l'interrupteur comme "la veille" et le même rituel se déroule devant mes yeux médusés. Extinction du moteur. Fermeture de la porte.

    Leur apparence est toujours la même. Cagoulés et gantés.

    Le plus grand s'approche de moi.

    "-Alors ma jolie, on t'a manqué?"

    Il est maintenant face à moi. Il me dépasse d'au moins deux têtes... Je le fixe droit dans les yeux. Et tente de ravaler mes larmes.

    "-hmm j'aime ce regard..." 

    Il pose une main par dessus mon épaule gauche et l'autre par dessus la droite, à plat contre le mur qui me soutient.

    Je détourne la tête encore une fois voulant éviter à tout prix le moindre nouveau contact avec lui. Je ne peux presque plus bouger tant il est proche de moi. Son corps est quasiment contre le mien. Il me dévisage avec un sourire inquiétant :

    "- Alors.... Tu as eu le temps de réfléchir ? "

    Silence.

    "-Dis nous où ta mère planque l'argent et tu pourras rentrer tranquillement chez toi".

    "- Laissez-moi d'abord aller aux toilettes."

    Les deux hommes échangent un regard et se marrent.

    "- Où t'as vu des toilettes ? "

    Et cela repart de plus belle.

    Je me sens humiliée une fois de plus.

    "- Je ne peux pas réfléchir, j'ai mal au ventre... il faut que j'aille aux toilettes s'il vous plaît..."

    Plus rien à faire de ma fierté, je suis prête à supplier, je ne peux plus me retenir.

    Je vois pour la première fois une once d'humanité dans les yeux du plus petit : 

    "-... Bon laisse la pisser".

    L'autre hésite un instant et lance : 

    "-OK"... avec un apparent détachement.

    Il retourne à la voiture et revient deux secondes après avec une bassine qu'il me jette.

    "-Vas-y. Pisse! "

    Je suis prête à m’écrouler une nouvelle fois de désespoir mais je suis décidée à ne pas me laisser faire sans tenter tout ce qui est en mon pouvoir :

    "-Ok... Mais pas devant vous."

    "-Tu n'as pas le choix, pisses toi dessus alors! "

    Silence.

    Je me penche vers le récipient et le saisit.

    "-Voilà... c'est très bien, tu vois quand tu veux ! "

    "-Je ne ferai pas ça devant vous. Sortez ou je vous jure que je ne parlerai pas".

    Le grand est interloqué : 

    "- Et moi je te jure que tu vas parler!!"

    "- Comme vous voudrez..."

    Je parle presque avec assurance. Mais je n'en mène pas large... Je vois bien qu'ils doutent et j'en profite, mais j'ai conscience de jouer avec le feu...seulement je n'en peux plus de me retenir.

    "- Très bien petite putain, fais ton affaire, on sort deux minutes mais je te jure que t'as intérêt à parler"...

    ...

    J'ai tout juste le temps de me rhabiller qu'ils sont de retour...

    -" Alors tu es prête à nous dire ce que tu sais?"

    -"Oui."

    -"On t'écoute!"

    Je cherche quelque chose à leur dire. Il faut que je réponde à leurs questions si je ne veux pas moisir ici...

    -"Et bien... En général ma mère planque sa tune dans les tuyaux qui composent le vieux séchoir à serviettes, qui est dans la salle de bain..."

    -"Quoi?? C'est ça ta réponse?"

    Je sens que la situation va tourner au vinaigre...

    -"Tu te fous de notre gueule c'est ça?... Tu crois franchement qu'autant de billets pourraient être planqués là-dedans?T'as cru qu'on allait gober ton histoire!!"

    -"C'est tout ce que je sais je vous assure, je ne sais même pas de quelle somme il s'agit...Je ne connais que cette planque croyez-moi s'il vous plaît...."

    Les larmes montent de nouveau... Je ne sais absolument pas quoi leur dire de plus... 

    L'homme qui a l'air d'être d'Afrique Noire s'approche de moi et assène mon visage d'une succession de claques.

    -"Arrêtez je vous en  supplie !! Arrêtez je ne sais rien !! Pitié !"

    Mais il continue et enchaîne avec des coups de poing dans le ventre.

    Je suis à terre. Je ne peux plus respirer.

    L'autre intervient : 

    -"Tranquille quand même c'est une gamine"...

    -" Il faut qu'elle parle putain tu vas pas t'y mettre ! Je suis sûre qu'elle sait tout, elle va pas nous la faire à l'envers !! Elle a la tête dure mais elle va finir par flancher tu vas voir !!"

    Je n'ose même plus bouger... J'ai mal partout, j'ai peur... Une fois de plus je suis certaine que je vais finir par mourir ici.

    Les deux individus m'ignorent pour le moment. Ils ressortent quelques instants de ce trou à rat et reviennent avec une nouvelle bassine à la main, un peu plus grande, et des bouteilles d'eau...

    L'homme blanc d'habitude au devant de la scène, est étrangement en retrait, tel un spectateur.

    J'essaye de comprendre quelles sont leurs intentions, mais je suis loin d'imaginer la tournure qu'est en train de prendre leur jeu.

    Le black se place à côté de moi et me fait me mettre à genoux.

    -"Tu bouges pas."

    Il saisit la bassine qu'il pose devant moi. Et commence à vider les bouteilles d'eau une à une dans le récipient...

    -"Qu'est ce que vous faites?"

    -"Ta gueule!"

    Je suis terrorisée.

    Sa réponse ne se fait pas attendre.

    Il empoigne mes cheveux à ras de mon crâne et sans que je n'ai le temps de réagir il plonge ma tête dans l'eau froide.

    J'agrippe les rebords de la bassine et manque de la renverser tant ma réaction est violente. L'eau inonde ma gorge et mes narines car je n'ai pas eu le réflexe de retenir mon souffle. 

    Presque immédiatement il ressort ma tête de l'eau et s'adressant à l'autre : 

    -" Viens la tenir putain je vais pas y arriver tout seul ! "

    Je tousse à en cracher mes poumons et je reprends mon souffle à grandes bouffées... Jamais je n'aurais imaginé telle torture.

    Le grand s'installe sur mes jambes comme il peut afin de bloquer tout mouvement de ma part, et il joint mes mains derrière mon dos qu'il ne lâche plus.

    -"Arrêtez.......... Je vous en prie...Noooon ! "

    Mais je suis de nouveau sous l'eau. Il m'est très difficile de garder la bouche fermée tant la panique me secoue. Les secondes s'écoulent et je sens que je ne vais pas tenir longtemps... J'essaye de me débattre mais ils me maintiennent avec bien trop de force.

    Ils réitèrent. Je ne pourrais dire combien de fois... A chaque plongée ils me laissent un peu plus longtemps. Je suis au bord de la noyade... Même les brefs instant hors de la bassine ne me laissent pas assez de répit pour reprendre mon souffle convenablement... Je suis épuisée...  

    Je les implore : 

    -"Tuez-moi..."

     

    Silence.

     

    L'homme qui me maintient et que je sens hésitant depuis le début de la manœuvre se redresse d'un coup sur ses jambes et me libère : 

    -"Bon ça suffit ! Tu vois bien qu'elle ne sait rien!! On s'est planté putain... Tu vas quand même pas la butter!"

    -" .... C'est pas toi qu'on va retrouver au fond d'un caniveau si le gros récupère pas ce que je lui dois ! "

    -" ok, ok, mais cette gosse n'y est pour rien... On risque d'avoir des problèmes ! "

    Je comprends donc qu'eux même jouent leur vie avec cette affaire d'où leur extrême motivation pour me faire parler... 

    -" S'il vous plaît relâcher moi... je parlerai... à ma mère pour savoir... ce qu'elle en a fait... et je vous jure... que personne... ne saura rien de cette histoire..."

    J'ai beaucoup de difficultées à m'exprimer correctement. Je suis très faible, et c'est peu de le dire...

    Ils me fixent tous les deux et ont l'air en pleine réflexion.

    -" S'il vous plaît... je ne parlerai pas... je ne sais même pas qui vous êtes... personne n'en saura rien..."

    J'ai la tête qui tourne... Je n'en peux plus, je suis au bord de l'évanouissement tant je ne supporte plus la douleur dans ma gorge et dans mon ventre...